Décédé le 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans, Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, sera inhumé ce samedi 11 janvier dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan. Une messe d’hommage public est également prévue le 16 janvier à Paris. Ces cérémonies interviennent dans un climat marqué par des oppositions politiques et des manifestations antifascistes.
Une inhumation en toute intimité à La Trinité-sur-Mer
Les funérailles de Jean-Marie Le Pen auront lieu dans la plus stricte intimité familiale. La cérémonie religieuse se tiendra ce samedi 11 janvier à 14h30 en l’église Saint-Joseph de La Trinité-sur-Mer, et sera célébrée par le Père Dominique Le Quernec, recteur de la paroisse de Carnac. Le choix de ce lieu n’est pas anodin : Jean-Marie Le Pen, né dans cette commune en 1928, y avait exprimé le souhait d’être enterré aux côtés de ses parents, dans le caveau familial.
En 2018, à l’approche de ses 90 ans, il confiait au Figaro vouloir une tombe sobre, marquée simplement de son prénom et de ses dates. Sa nièce, Marion Maréchal, a repris cette idée en citant Saint-Paul : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. » Une épitaphe qui résume, selon elle, l’homme et sa trajectoire politique.
Un hommage public à Paris dans un lieu symbolique
Jeudi 16 janvier à 11 heures, une messe ouverte au public se tiendra en l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce, rattachée au diocèse aux Armées françaises. Ce lieu, choisi par Marine Le Pen et ses s œurs, Marie-Caroline et Yann, reflète les liens de Jean-Marie Le Pen avec l’armée, notamment son passé de parachutiste en Indochine et en Algérie. La cérémonie sera célébrée par un ancien aumônier militaire selon la liturgie catholique et non la liturgie tridentine, malgré l’attachement de l’ancien leader politique à cette dernière.
Cette église, située dans le 5ᵉ arrondissement de Paris, est emblématique en raison de son histoire militaire. La famille espère que cet événement permettra un moment de recueillement, bien que le climat politique autour de ces obsèques reste tendu.
Une figure politique qui divise
Le décès de Jean-Marie Le Pen a suscité des réactions contrastées. Si certains membres du Rassemblement National saluent un « visionnaire » et un « tribun du peuple », ses détracteurs voient en lui une figure controversée, marquée par ses nombreuses condamnations pour propos antisémites et négationnistes. Mathilde Panot, présidente des députés LFI, a dénoncé une « tentative de réhabilitation posthume orchestrée par le RN », rappelant son passé de « tortionnaire en Algérie » et ses multiples propos polémiques.
Des rassemblements antifascistes ont déjà eu lieu dans plusieurs villes pour « célébrer » sa disparition. Ces scènes ont été vivement critiquées par Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du RN, qui les a qualifiées de « chienlit gauchiste » tout en appelant au respect pour la famille en deuil. « L’État veillera à ce que ces manifestations ne perturbent pas les cérémonies », a-t-il affirmé.
Un héritage politique complexe
Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui un héritage politique controversé. Fondateur du Front National en 1972, il a contribué à imposer les thématiques de l’immigration et de l’identité nationale au cœur du débat public. Toutefois, ses dérapages verbaux et ses positions radicales ont marqué durablement son image. « Sans Jean-Marie Le Pen, le RN d’aujourd’hui n’existerait pas », analyse Jean-Yves Cam us, politologue spécialiste de l’extrême droite. « Cependant, pour les jeunes militants, c’est une page tournée : ils regardent désormais vers Marine Le Pen et Jordan Bardella », ajoute-t-il.
Depuis 2011, Marine Le Pen s’est efforcée de mener une stratégie de « dédiabolisation » pour élargir la base électorale de son parti. Pourtant, la disparition de son père relance les débats sur les racines idéologiques du RN. Si la fille a pris ses distances avec les méthodes et les discours de son père, les critiques de l’opposition continuent de pointer un héritage idéologique persistant.
Un adieu placé sous haute vigilance
Alors que les funérailles privées de La Trinité-sur-Mer devraient se dérouler dans le calme, l’hommage public du 16 janvier à Paris pourrait attirer des opposants et raviver les tensions. Les autorités se préparent à sécuriser l’événement pour éviter tout débordement. Louis Aliot a déclaré à ce sujet : « Ils ne viendront pas perturber un enterrement, mais toutes les précautions seront prises pour garantir la dignité des cérémonies. »
Ces obsèques marquent la fin d’une ère pour l’extrême droite française tout en laissant une empreinte indélébile sur le paysage politique national. Si Jean-Marie Le Pen a durablement influencé le débat public français, son héritage demeure controversé, partagé entre admiration et rejet, et continuera de diviser bien après sa disparition.
En tant que jeune média indépendant, Délits d'Opinion a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !