Face à une Assemblée nationale profondément fragmentée, les lobbyistes se trouvent en terrain inconnu. Les élections législatives anticipées ont brisé l’équilibre du pouvoir en France. Le Parlement en tire profit, au détriment de l’Élysée. En conséquence, les cabinets de lobbying doivent redoubler d’efforts pour influencer les députés, plutôt que de se concentrer sur les conseillers présidentiels.
Un contexte politique remanié
Le panorama politique actuel, marqué par la montée des forces mélenchonistes et lepénistes, constitue un défi de taille pour les lobbyistes. Traditionnellement, ils sollicitaient des rencontres avec des élus et fournissaient des notes techniques pour influencer la législation. Mais avec un Parlement si fractionné où La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) occupent presque 40 % des sièges, les stratégies doivent s’adapter.
Des relations délicates avec les partis politiques
Les rapports avec LFI et les écologistes se révèlent tendus. Ces derniers, méfiants vis-à-vis du lobbying, montrent une réticence à dialoguer avec ceux défendant des intérêts particuliers. Gabriel Amard, député LFI, insiste sur leur refus d’engager la discussion. En revanche, les socialistes et les communistes apparaissent plus enclins aux échanges, surtout sur les préoccupations économiques locales.
Le RN, premier groupe parlementaire, se montre plus ouvert à la collaboration avec les lobbyistes, bien que cela suscite un malaise chez certains consultants. Les entreprises hésitent à s’associer à un parti souvent perçu comme antisystème. Malgré tout, le RN continue de dialoguer avec certains secteurs, attirant des collaborateurs du privé pour renforcer son influence.
Les défis d’un Parlement divisé
L’Assemblée nationale compte désormais onze groupes, un record sous la Ve République, ce qui rend les prévisions législatives incertaines. Les « niches parlementaires » où chaque groupe fixe l’ordre du jour ajoutent à cette imprévisibilité. Des alliances inattendues entre LFI et le RN pourraient émerger, par exemple sur l’abrogation de la réforme des retraites.
Le Sénat, un pôle de stabilité
Dans ce contexte instable, le Sénat pourrait offrir une certaine stabilité. Selon Tiphaine Mercier de Havas, le rôle accru du Sénat pourrait renforcer le « bloc central » composé des macronistes et des Républicains, facilitant ainsi le dialogue entre entreprises et élus.
Malgré l’incertitude à l’Assemblée, certains consultants voient des opportunités, anticipant une normalisation progressive des relations entre entreprises et le RN. La perspective de la présidentielle de 2027, ainsi que la possibilité d’une nouvelle dissolution, accentue la nécessité pour les lobbyistes de s’adapter rapidement à ce nouvel environnement politique.
En tant que jeune média indépendant, Délits d'Opinion a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !