Lors du tournage de ce thriller culte marquant les retrouvailles entre Romy Schneider et Alain Delon, le garde du corps de l’acteur a été assassiné. Ce meurtre impliquait directement la star du film.
Le 1er octobre, un ferrailleur nommé Haro découvre un paquet étrange dans une décharge d’Elancourt, dans les Yvelines. L’objet, long et volumineux, est une housse de matelas contenant quelque chose. À l’intérieur se trouve le cadavre décomposé d’un homme. Pour les enquêteurs de Versailles, cette découverte sordide reste courante. Trois jours plus tard, l’identité de la victime est révélée. Il s’agit de Stefan Markovic, une petite frappe yougoslave, employée par Alain Delon, qui tourne alors à Saint-Tropez avec Romy Schneider dans le thriller de Jacques Deray, La Piscine.
Des amitiés controversées
Lorsque le nom d’Alain Delon apparaît dans la presse, le fait divers prend des proportions inattendues. On découvre que Markovic, fraîchement sorti de prison après un vol qualifié, a été accueilli par Delon dans son hôtel particulier de l’avenue de Messine à Paris. Milos Milosevic, ex-doublure et ami de Delon, présenté comme « suicidé » dans un hôtel de Floride, avait recommandé Markovic à Delon. Le yougoslave, entré illégalement en France en 1958, flambait et se battait souvent. Il servait de factotum au couple Delon, devenant aussi amant de Nathalie Delon, l’épouse d’Alain.
Des accusations sans fondement
Rapidement, des rumeurs impliquent Delon dans le meurtre de Markovic. Pourtant, l’acteur a un alibi solidement établi, puisqu’il tournait dans le sud de la France. Les relations sulfureuses de Delon, notamment avec François Marcantoni, ancien résistant devenu figure du Milieu, n’arrangent pas les choses. Des témoins évoquent une violente dispute entre Delon et Markovic, qui aurait quitté l’avenue de Messine en proférant des menaces.
Une lettre compromettante
Une lettre de Markovic, écrite peu avant sa mort, accuse Alain Delon et son « parrain » Marcantoni. Alexandre, le frère de Stefan, et son avocat Roland Dumas se constituent partie civile. Le juge René Patard entend Delon durant 14 heures, Nathalie pendant 30 heures, et même sa nouvelle compagne, Mireille Darc. L’atmosphère devient étouffante. Le couple Delon divorce, et la star demande une protection. Marcantoni, malgré ses dénégations, est incarcéré pour onze mois.
Un rebondissement politique
L’affaire prend une tournure politique lorsque l’hebdomadaire « Minute » publie un article sur des partouzes impliquant l’épouse de Georges Pompidou. Ces éléments, visiblement faux, visent à salir Pompidou, rival potentiel de Charles de Gaulle. Pompidou, furieux, réagit vivement. Une fois élu président en 1969, il fera le ménage au sein du SDECE et de ses barbouzes.
Le mystère persiste
Le complot contre Pompidou étant avéré, le mystère sur la mort de Markovic demeure. Après un non-lieu en 1976, François Marcantoni écrira que Markovic, aussi trafiquant de drogue, aurait été tué pour avoir vendu du faux cocaïne. Alain Delon n’abordera plus jamais cette histoire sordide. Le dossier d’instruction, pesant 1,5 tonne et contenant plus de 60000 feuillets, reste soigneusement conservé au tribunal de Versailles.
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