Les campagnols s’installent pour l’hiver ? Le répulsif naturel à planter maintenant pour les faire fuir

L’automne s’installe, les feuilles rougissent et les journées raccourcissent. Pour le jardinier, c’est une période de bilan et de préparation pour la saison froide. Pourtant, sous la surface de la terre, une activité fébrile commence. Les campagnols, petits rongeurs discrets mais redoutables pour les cultures, cherchent activement un abri et des provisions pour l’hiver. Leurs galeries souterraines, creusées avec une efficacité redoutable, peuvent rapidement transformer un potager ou un verger en un champ de ruines. Avant que les premières gelées ne scellent le sol, il est crucial d’agir. Heureusement, la nature offre des solutions préventives efficaces, notamment des plantes dont la simple présence suffit à décourager ces visiteurs indésirables. Il est temps de comprendre leur comportement pour mieux les contrer.

Comprendre le comportement des campagnols en hiver

Qui sont ces rongeurs du jardin ?

Il est essentiel de ne pas confondre le campagnol avec la taupe ou le mulot. Le campagnol, en particulier le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) et le campagnol des champs (Microtus arvalis), est un rongeur herbivore. Son régime alimentaire est exclusivement composé de végétaux : il dévore les racines, les bulbes, les tubercules et les collets des plantes. Contrairement à la taupe qui crée des monticules de terre verticaux (les taupinières), le campagnol laisse derrière lui des tumulus de terre plus discrets et des orifices d’entrée de galeries bien visibles. Sa présence est souvent trahie par des plantes qui se flétrissent soudainement, leurs racines ayant été dévorées.

Le cycle de vie et l’activité hivernale

Les campagnols n’hibernent pas. Leur activité se poursuit tout au long de l’hiver, à l’abri du gel et des prédateurs, dans leur réseau de galeries souterraines. La saison froide est même une période critique pour eux, car la nourriture en surface se raréfie. Ils intensifient donc leur recherche de nourriture sous terre, s’attaquant avec voracité aux racines des arbres fruitiers, aux légumes-racines laissés en terre comme les carottes ou les panais, et aux bulbes de fleurs plantés pour le printemps. Une seule famille de campagnols peut causer des dégâts considérables en quelques semaines, compromettant la santé de vos plantations pour la saison à venir.

Pour mieux comprendre leur mode de vie et leurs habitudes, il est utile de se pencher sur les éléments qui rendent un jardin particulièrement attractif pour eux.

Facteurs favorables à l’installation des campagnols

Un sol et une couverture végétale idéals

Les campagnols ont une nette préférence pour certains types de terrains. Un sol meuble, léger et bien drainé est pour eux une invitation à creuser sans effort. Les jardins potagers, souvent travaillés et amendés, représentent un habitat de choix. De plus, une couverture végétale dense leur offre une protection parfaite contre leurs prédateurs naturels. Voici ce qui les attire particulièrement :

• Le paillage épais (paille, feuilles mortes) où ils peuvent se cacher et circuler en surface.
• Les prairies et les pelouses non tondues à ras, qui masquent les entrées de leurs galeries.
• Les tas de compost ou de bois mal entretenus, qui constituent des abris de premier ordre.

Un garde-manger bien approvisionné

La principale motivation du campagnol est la recherche de nourriture. Un jardin riche et diversifié est un véritable festin à ciel ouvert, ou plutôt à sous-sol ouvert. Leurs mets favoris incluent les racines de nombreuses plantes. Leurs cibles privilégiées sont souvent les légumes-racines comme les carottes, les betteraves et les topinambours, les bulbes de tulipes ou de crocus, ainsi que les jeunes racines des arbres fruitiers, qu’ils peuvent faire périr en quelques mois. La présence abondante de ces ressources alimentaires est le facteur numéro un de leur installation durable.

Maintenant que les conditions favorisant leur venue sont identifiées, il est plus simple de mettre en place une stratégie de défense basée sur ce qu’ils détestent.

Plantes répulsives naturelles à cultiver maintenant

Le sureau noir : un répulsif puissant et polyvalent

Le sureau noir (Sambucus nigra) est sans doute l’une des plantes les plus réputées pour son action répulsive contre les campagnols. Son odeur forte, particulièrement celle de son feuillage et de son purin, leur est insupportable. Pour une efficacité maximale, il est conseillé de planter un ou plusieurs pieds de sureau à proximité des zones sensibles comme le potager ou le verger. En automne, vous pouvez également couper des branches feuillues et les enfoncer directement dans les entrées des galeries. Une autre méthode très efficace consiste à préparer un purin de sureau : faites macérer 1 kg de feuilles de sureau dans 10 litres d’eau pendant une à deux semaines, puis versez la préparation non diluée dans les trous.

La couronne impériale et autres bulbes à fleurs

Certaines plantes à fleurs, au-delà de leur attrait esthétique, possèdent des propriétés répulsives. La fritillaire impériale, aussi appelée « couronne impériale » (Fritillaria imperialis), est particulièrement connue pour cela. Son bulbe dégage une odeur puissante, proche de celle du renard, qui fait fuir les rongeurs. Plantez ces bulbes en automne, en les intercalant parmi vos tulipes ou autres bulbes prisés des campagnols pour créer une barrière olfactive protectrice. D’autres plantes comme le ricin (attention, il est très toxique), l’incarvillée ou l’euphorbe épurge (Euphorbia lathyris) sont également d’excellents répulsifs à installer au jardin.

Tableau comparatif des principales plantes répulsives

Pour vous aider à choisir, voici un résumé des plantes les plus efficaces à intégrer dans votre jardin dès maintenant.

Ces solutions végétales constituent une excellente première ligne de défense, mais elles peuvent être avantageusement complétées par d’autres méthodes tout aussi respectueuses de l’environnement.

Lutte biologique et alternatives écologiques

Le piégeage ciblé et respectueux

Lorsque l’infestation est déjà bien installée, le piégeage peut s’avérer nécessaire. Il est préférable de se tourner vers des pièges mécaniques plutôt que des poisons, qui présentent un risque pour l’ensemble de la faune du jardin (y compris les prédateurs des campagnols) et pour les animaux domestiques. Le piège le plus connu est le piège à guillotine de type Topcat, spécialement conçu pour être placé à l’entrée des galeries. Il est sélectif et efficace. Pour l’installer, repérez une galerie active, dégagez l’entrée et placez le piège. Un appât comme un morceau de carotte ou de pomme peut augmenter vos chances de succès.

Les répulsifs sonores et olfactifs

D’autres approches non létales existent. Les appareils à ultrasons ou à vibrations, plantés dans le sol, émettent des ondes sonores à intervalles réguliers qui perturbent et stressent les campagnols, les incitant à déménager. Leur efficacité peut varier selon la nature du sol, mais ils représentent une solution intéressante pour protéger des zones spécifiques. De même, il est possible d’introduire dans les galeries des éléments à l’odeur répulsive, comme des gousses d’ail écrasées, des boules de poils de chien ou de chat, ou encore du tourteau de ricin (à manipuler avec précaution en raison de sa toxicité).

Toutes ces actions humaines sont précieuses, mais la solution la plus durable est souvent de laisser la nature réguler elle-même les populations de rongeurs.

Prédation : un allié naturel efficace

Identifier et accueillir les prédateurs naturels

Le campagnol figure au menu de nombreux animaux. Encourager leur présence dans votre jardin est la méthode de régulation la plus efficace et la plus écologique sur le long terme. Parmi ses principaux prédateurs, on compte :

• Les rapaces diurnes (buse, faucon crécerelle) et nocturnes (chouette hulotte, hibou moyen-duc).
• Les mammifères carnivores comme le renard, la belette, l’hermine et le putois.
• Certains animaux domestiques, notamment le chat et certains chiens de type terrier.
• Les serpents, comme la couleuvre, qui sont d’excellents chasseurs de rongeurs.

Aménager le jardin pour la faune auxiliaire

Pour que ces précieux alliés s’installent durablement, il faut leur offrir un habitat favorable. Vous pouvez par exemple installer un perchoir à rapaces en plein milieu de votre potager ou de votre verger. Un simple poteau en T de 3 à 4 mètres de haut suffit pour qu’une buse puisse surveiller les environs. Laissez des tas de bois ou des murets en pierres sèches qui serviront d’abris pour les belettes et les hermines. Évitez à tout prix l’usage de raticides, car ils empoisonnent toute la chaîne alimentaire et tueraient les prédateurs qui consommeraient un rongeur intoxiqué. Un jardin un peu « sauvage » avec des haies diversifiées et des zones non fauchées est bien plus accueillant pour la biodiversité et donc plus résistant aux pullulations de nuisibles.

Ces actions en faveur de la faune s’intègrent parfaitement dans une approche globale de jardinage préventif et respectueux.

Conseils pratiques pour un jardin sain et sans nuisibles

La protection physique des plantations

Pour les plantations de grande valeur, comme les jeunes arbres fruitiers ou les massifs de bulbes rares, une barrière physique est une assurance efficace. Lors de la plantation, vous pouvez entourer les racines ou les bulbes d’un grillage à mailles fines (type grillage à poules). Cette cage souterraine empêchera physiquement les campagnols d’atteindre leur cible. Pour les arbres déjà en place, il est possible d’installer des manchons de protection à la base du tronc pour protéger le collet, une zone particulièrement appréciée des rongeurs.

Une bonne gestion du jardin au quotidien

Des gestes simples peuvent grandement limiter l’attrait de votre jardin. Tondez l’herbe régulièrement autour des zones de culture pour exposer les campagnols à la vue de leurs prédateurs. Un léger travail du sol en surface à l’automne peut perturber le réseau de galeries existant et les décourager. Enfin, veillez à ne pas laisser de tas de débris végétaux ou de légumes abîmés près du potager, car ils constituent à la fois un abri et une source de nourriture facile d’accès.

La lutte contre les campagnols n’est pas une bataille ponctuelle mais une stratégie de long terme. En combinant la plantation de végétaux répulsifs, la mise en place de barrières physiques, l’accueil de la faune auxiliaire et des pratiques de jardinage préventives, il est tout à fait possible de protéger ses cultures efficacement. L’objectif n’est pas d’éradiquer totalement ces rongeurs, qui ont leur place dans l’écosystème, mais de créer un équilibre où leur présence ne menace plus la survie de votre jardin. Un jardin résilient est un jardin où la biodiversité est encouragée à jouer son rôle de régulateur naturel.